dimanche 21 février 2010

L'euthanasie....Pour ou contre?

À l'heure du vieillissement d'une grande partie de la population, le Québec et la planète toute entière, aux prises avec des choix budgétaires complexes, s'interroge sur la légalisation de l'euthanasie,  La semaine dernière, lors du décès de ma mère, âgée de 90 ans, j'ai été placée devant cette situation.  Ma mère avait depuis très longtemps fait un testament biologique notarié dans lequel elle spécifiait et je la cite:
"Si un rétablissement suffisant de mes capacités physiques et mentales était impossible, je demande qu'on ne me maintienne pas en vie  par des moyens artificiels et disproportionnés.  Je demande également que des médicaments appropriés me soient donnés pour soulager efficacement mes douleurs, même si cela devait hâter l'instant de ma mort, afin de me réserver une mort douce et naturelle.
Aussi ces directives sont données à ma fille Carole Miville, après mûre réflexion et en pleine lucidité. Je voudrais qu'elle se sente moralement obligée de les suivre."

Regardons maintenant ce qui s'est passé lors de son admission à l'hôpital alors qu'elle faisait un ACV.
Admise à l'urgence de l'hôpital, je la rejoins et je présente immédiatement le document en question avant que les médecins ne posent quelque geste que ce soit... Ma mère est toujours très lucide malgré le fait que son côté droit est complètement paralysé et qu'elle a perdu l'usage de la parole. Le médecin de l'urgence prend connaissance du document et lui assure qu'il respectera sa volonté. J'en profite pour lui demander si elle est toujours d'accord avec cette décision. Elle me fait signe que oui.
Le lendemain , alors qu'elle est transférée à l'étage, le médecin traitant vient  me voir pour me demander ce que la famille attend d'elle. Je peux vous dire qu'à cet instant précis,  j'ai craqué parce que, l'instant d'une seconde, sachant la fin imminente, j'ai cru devoir décider de la vie ou de la mort de ma mère. Mais je me suis souvenue de cette phrase où elle spécifiait que je devais me sentir moralement obligée de respecter son choix.  Je ne la remercierai jamais assez d'avoir fait ce papier de la façon dont elle l'a fait, c.i.e. NOTARIÉ,  assumant pleinement sa vie et sa façon de mourir,  me délivrant ainsi de toute prise de décision la concernant sous le coup d'une forte émotion. Lorsque l'on est émotivement pris dans ces moments, on ne peut prévoir notre réaction ou celle des autres proches qui peuvent être très différentes les unes des autres. Ce n'est pas le temps d'avoir une "chicane de famille" sur la décision à prendre mais le temps d'être présent à la volonté de la personne concernée.

Il y a une grande différence entre l'euthanasie et les soins palliatifs dont ma mère a fait la demande.
Dans l'euthanasie active ( le malade demande à ce qu'une tierce personne lui injecte un produit pour éviter la  souffrance et remet donc une certaine forme de responsabilité de sa mort dans les mains d'un tiers. Ce qui peut être très lourd ensuite à porter pour cette personne. Pareil pour le suicide assisté.
Partisane inconditionnelle de la liberté d'Être et de la prise en charge de sa vie à tous les niveaux, y compris au moment de sa mort, je serai éternellement reconnaissante à ma mère du courage dont elle a fait preuve en  décidant de la façon dont elle voulait mourir et d'en avoir pris toute la responsabilité.


En terminant, je veux vous recommander un livre qui a  nourri ma réflexion sur le sujet....
MOURIR DANS LA DIGNITÉ? Soins palliatifs ou suicide assisté, un choix de société
Sous la direction de Jean-Pierre Béland
Les presses de l'Université de Laval

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